L’expérience novatrice entre jeunes chercheurs américain et sénégalais pour l’amélioration des rendements du mil

L’expérience novatrice entre jeunes chercheurs américain et sénégalais pour l’amélioration des rendements du mil
Muhammad Sarr and Patrick Trail travaille ensemble au Senegal
USAID/ERA
« Nous menons une expérience dans le domaine de l’agriculture de conservation visant à améliorer la production du mil chez les petits exploitants et au-delà à combattre l’insécurité alimentaire ».

Thiès – Au beau milieu de la parcelle délimitée par des plots jaunes, deux jeunes étudiants manipulent un appareil électronique qui sert à mesurer la vigueur des plantes. Malgré la fine pluie qui s’abat en cette matinée sur Thiès, ils semblent imperturbables et notent régulièrement les données recueillies.

L’un s’appelle Patrick Trail, étudiant américain de 23 ans, diplômé du Département des sciences de l’environnement des cultures et de science des sols de  Virginia Tech.  L’autre répond au nom de Mouhamed Sarr, 27 ans, jeune ingénieur des travaux forestiers, diplômé de l’Institut Supérieur de Formation Agricole et Rurale. Tous deux collaborent grâce à l’appui du projet de l’USAID, Education et Recherches en Agriculture (USAID/ERA) dans le cadre d’un programme de recherche innovant.

Pour assurer sa sécurité alimentaire, le Sénégal compte beaucoup sur la culture du mil qui fait partie des spéculations appuyée par le gouvernement américain dans le cadre de l’initiative « Feed the Future ». Un jeune chercheur américain mène, avec des techniciens et étudiants sénégalais, une expérience innovante qui consiste à associer la culture du mil avec des légumineuses pour en améliorer le rendement.   

« Nous menons une expérience dans le domaine de l’agriculture de conservation visant à améliorer la production du mil chez les petits exploitants et au-delà à combattre l’insécurité alimentaire », explique Patrick, avant de jeter un regard furtif sur l’appareil électronique que Mouhamed Sarr continue de manipuler.  « Le mil, qui fait partie des spéculations du programme Feed the Future, est l’un des aliments de base au Sénégal, il est cultivé partout dans le pays.

En collaboration avec les institutions agricoles locales partenaires du projet USAID/ERA, j’ai mis en place des parcelles de recherche afin d'examiner les avantages potentiels de l'intégration de diverses variétés de haricots (légumineuses) dans les systèmes de production de mil. J'ai actuellement des parcelles de recherche à l'ENSA de Thiès et à l’ISFAR de Bambey », explique-t-il.

A l’ISFAR justement, il collabore dans le cadre de ses recherches avec Mouhamed. « Nous travaillons sur une parcelle expérimentale de 800 mètres carrés que nous avons divisé en huit blocs complets randomisés sur lesquels nous cultivons le mil qui est associé à trois variétés de niébé avec comme objectif de voir le rendement du mil selon qu’il est cultivé seul ou en association avec une légumineuse », explique Mouhamed.

L’expérience est en elle-même enrichissante pour les deux chercheurs comme le dit Patrick : « Je travaille très étroitement avec les techniciens de deux institutions. A l’ENSA où je mène la même expérience, je travaille avec Moussa Dione et à l’ISFAR avec Mouhamed. 

« Nous nous attendons aussi à l’augmentation des rendements à travers l’association des cultures car les légumineuses ont la capacité d’absorber l’azote atmosphérique qui est indispensable à la croissance des plantes. En plus, les légumineuses développent des feuilles qui couvrent le sol, ce qui réduit l’évaporation », il souligne.

Tous deux ont énormément aidé à la plantation, au désherbages, à la prise de mesures et si je retourne aux Etats-Unis, ils vont assurer le suivi ».  Les jeunes sénégalais pour leur part tirent également énormément de bénéfices de cette expérience.  « En retour, j'ai partagé avec eux les différents outils agronomiques que j'ai apportés avec moi pour mener mes recherches.

Ils ont maintenant une parfaite maîtrise de ces outils modernes et ils ont même commencé à initier d’autres étudiants à la manipulation de ces appareils  », poursuit Patrick. « C’est une expérience novatrice car ces outils nous confortent sur certains aspects théoriques de nos cours. En plus, nous échangeons beaucoup sur ce que nous avons appris et discutons sur la manière de faire afin d’arriver à un meilleur résultat », renchérit Mouhamed.

Cette expérience qui se déroule dans le cadre du projet USAID/ERA est en cours depuis le début de l’hivernage. Au Sénégal depuis le mois de juin dernier,  Patrick va y rester durant toute la saison des pluies et il va continuer sa collaboration avec les étudiants de l’ENSA et de l’ISFAR l’année prochaine. L’un des objectifs majeurs de ce programme d’échange est de renforcer les capacités des institutions afin que les étudiants puissent y conduire leur propre recherche agricole.   

« La portée de cette recherche va au-delà de la collecte de résultats scientifiques. Elle vise surtout à améliorer la capacité des étudiants en agronomie. Aussi importants que puissent être les résultats auxquels nous parvenons, il est primordial d'impliquer les institutions dans la méthode scientifique globale afin d’en faire profiter tous les étudiants qui y sont formés », note Patrick.

Patrick résume la collaboration en ces termes: « Les étudiantes auront accès à un projet mis en place à partir d’outils technologiques de pointe, les techniciens qui y travaillent vont s’occuper tout au long de la saison, et personnellement, je suis sûr que la recherche et les expériences vont se poursuivre même si je retourne aux États-Unis ». C’est ce qu’on appelle un partenariat gagnant-gagnant.