Des communautés collaborent pour prévenir le vol de bétail au Sénégal

Un éleveur ayant retrouvé un bœuf volé grâce au comité de veille
Un éleveur ayant retrouvé un bœuf volé grâce au comité de veille
USAID/PGP
Résolution de conflits liés au foncier et au bétail grâce à la médiation
« Tous les conflits, tensions et malentendus pouvant avoir des conséquences sur la stabilité de la zone ne se résolvent plus au tribunal »

Avril 2015 – Les communautés de la lointaine localité sénégalaise de Coumbacara et des villages frontaliers avec la Guinée-Bissau ont eu un impact significatif sur les relations intercommunautaires et la libre circulation des personnes et des biens. Des conflits récurrents liés au foncier et aux parcours du bétail ont eu lieu entre éleveurs et agriculteurs, et entre les villages.

Les communautés rejetaient les solutions amiables, même lorsque préconisées par  les autorités traditionnelles ou religieuses les plus respectées, et ont depuis longtemps abandonné les mécanismes locaux de résolution de conflits.

Tenant compte de cette situation, l'USAID a, depuis juin 2012, commencé à promouvoir le dialogue et la médiation intercommunautaires, en particulier pour ce qui concerne le bétail, en vue de renforcer la stabilité sociale à Coumbacara.

Se basant sur les expériences passées dans ce domaine, l'USAID a adopté une approche participative pour atténuer les conflits internes qui ont frappé Coumbacara. Les organisations communautaires locales de 58 villages ont travaillé ensemble dans le but de former un comité de veille pour élaborer des solutions à des problèmes récurrents. Les solutions proposées ont été mises en œuvre par la population locale, y compris les chefs traditionnels, les chefs religieux, les élus locaux, les organisations de jeunes et les organisations de femmes.

La « La cartographie des conflits » a permis d’identifier et d’analyser les problèmes communs et les zones problématiques dans la région en vue de prévenir et de résoudre les conflits et d’apaiser les tensions dans chaque village.

L’un des principaux résultats induits par cette démarche a été une diminution significative, quelques mois avant la fin du programme étalé sur un an, du vol de bétail grâce aux informations communiquées dans tous les villages de la zone par le comité de veille. Le processus s’est développé pour inclure l'échange d'informations avec la Guinée-Bissau sur le passage transfrontalier des voleurs de bétail.

L'appropriation de cette démarche par les communautés a dépassé les attentes initiales: les populations ont rapidement et activement soutenu le travail du comité de veille comme moyen de promouvoir la paix.

Les résultats ont été durables. Les conflits fonciers continuent de baisser de manière significative grâce à la délimitation des zones de pâturage et des zones agricoles. En outre, des séances de sensibilisation et de plaidoyer du comité de veille lors des réunions du Conseil rural ont aidé les éleveurs et les agriculteurs à accepter le dialogue et une approche consultative pour la résolution des différends.

Les effets positifs du projet sur la communauté se sont étendus aux salles de classe, les enseignants qui s’étaient impliqués dans le projet ayant ont partagé leurs connaissances avec leurs élèves.

« Tous les  conflits, tensions et malentendus pouvant avoir des conséquences sur la stabilité de la zone ne se résolvent plus dans les tribunaux, mais sont réglés par le comité de veille qui travaille directement avec les autorités locales compétentes », a déclaré Sidy Baldé, un des responsables de la communauté de Saré Niyel.

M. Baldé a expliqué que le système judiciaire n'était pas adapté aux réalités socio-culturelles de la région et a créé plus de problèmes qu'il n’en a résolus. Le règlement juridique des différends a parfois eu des conséquences négatives sur la cohésion sociale, conduisant à l'annulation de fiançailles ou de mariages, ou à l’absence de certains villageois aux funérailles de proches parents.

Ce mécanisme de résolution de conflit, calqué sur des pratiques locales anciennes, a bénéficié à des centaines de personnes.

Le projet entre dans le cadre du Programme Gouvernance et Paix de l'USAID mis en œuvre de 2010 à 2014  pour soutenir la démocratie, la bonne gouvernance et la réconciliation nationale au Sénégal. Dans le cadre de ce programme, l'USAID a dressé une cartographie des conflits locaux qui ont alimenté le conflit majeur de la région de la Casamance et financé six projets pour travailler sur la résolution, la prévention et la gestion pacifique des conflits dès juin 2012. Les organisations de la société civile ont obtenu des résultats tangibles juste cinq à huit mois après le début de la mise en œuvre, grâce à la mise en place de mécanismes de prévention et de gestion des conflits locaux.