Janvier 2017: Elles étaient à peu près trente jeunes filles et mères de famille, dont quelques-unes avaient un bébé dans les bras. Toutes étaient en train d’écouter attentivement les explications que donnait l’éducateur de santé communautaire à propos des différentes méthodes de planning familial offertes au centre de santé.

Ces femmes étaient là parce qu’elles voulaient prendre leur destinée en main. Et l’opportunité leur était donnée de le faire dans ce centre de santé tout neuf, mis en place par une jeune femme malagasy exceptionnelle.

Le dr. LandisoaTafangy et son mari, le dr. Yoland Rakotondraibe savaient la difficulté qu’avaient les riverains d’Ankadindravola-Ivato, une banlieue du nord d’Antananarivo, à obtenir des soins de santé abordables et de qualité. Le dr. Tafangy connaissait bien la région étant donné qu’elle était aussi contrôleur aérien à l’aéroport international d’Ivato. La plupart des membres de la communauté gagnaient leur vie du petit élevage et de la pêche et, avec de tels revenus modestes, ils ne pouvaient pas s’offrir des soins de santé adéquats pour eux et pour leurs enfants.

Cette situation que vivait la communauté a beaucoup touché le dr. Tafangy et son mari. Ainsi, il y a deux ans, sans bagage commercial initial et sans ayant obtenu un quelconque financement mais simplement mus par une ferme volonté d’aider, ont-ils décidé de créer un centre de santé qu’ils appelèrent « Tobim-Pahasalamana ho an’ny Rehetra » qui signifie Centre de Santé pour Tous, un nom qui symbolise leur mission fondamentale : celle de donner à la population de la région un accès à la clinique à des prix accessibles à tous. L’objectif étant d’améliorer la santé de la population locale pour lui permettre d’augmenter sa productivité et d’avoir de meilleures conditions de vie.

Le système qu’ils ont choisi pour le Centre de Santé pour Tous était celui de guichet unique qui fournissait des soins généraux et spécialisés pour les familles  pauvres tels que l’otorhinolaryngologie (ORL), l’ophtalmologie, la pédiatrie, la gynécologie, les soins obstétriques, le scanner et la dentisterie. Les soins étaient offerts à moindre coût, avec option de facilité de paiement et même des soins gratuits pour les plus indigents. Le dr. Tafangy les appelle « nos activités médicales sociales », lesquelles comprennent des séances spéciales de dépistage gratuit, des consultations gratuites et un traitement gratuit deux ou trois fois dans l’année.

Environ 6.500 personnes ont été soignées au centre de santé en 2015 et plus de 6.800 familles peuvent aujourd’hui y avoir accès.

Le centre de santé travaille en partenariat avec Marie Stopes International pour les activités de planification familiale, dans le cadre du programme SIFPO (appui aux organismes internationaux de planification familiale) financé par l’USAID. Il est aussi membre du réseau de cliniques privées BlueStar qui fournit des méthodes de planification familiale.

En raison notamment de son succès à créer le centre de santé, le dr. Tafangy a été sélectionnée en 2016 parmi les boursiers malagasy du Young African Leaders Initiative (YALI) Mandela Washington Fellows et partit pour les Etats-Unies pour une formation de six semaines en Entreprise et Entreprenariat. Comme d’habitude, elle a été excellente. Elle a remporté le concours du meilleur business plan organisé dans le cadre de sa formation et reçu une subvention du United States African Development Foundation (USADF). Cette dotation lui permet de financer le centre de santé et son nouveau programme : une mutuelle de santé qui assurera aux membres des soins et un traitement gratuits contre le paiement d’une cotisation trimestrielle de 10.000 ariary ou 3 USD.

Madame Ranaivo Bakoliharivonjy, 63 ans, et son mari M. Germain Rabemanantsoa, 65 ans, sont deux enseignants à la retraite qui vivent de leurs pensions. Ils fréquentent régulièrement le Centre de Santé pour Tous depuis un an et demi  et disent que leur accès aux soins de santé s’est beaucoup amélioré depuis l’ouverture de la clinique. « Une fois que j’avais un problème de tension artérielle élevée,  mon mari et moi étions allés voir un médecin qui tenait un cabinet de consultation chez elle, » raconte Madame Bakoliharivonjy.  Mais elle n’était pas là et j’ai dû rentrer à la maison avec ma maladie, sans avoir vu un docteur. »

« Ici, les locaux sont propres et accueillants et il y a toujours un médecin pour vous recevoir à toute heure de la journée. Pendant la consultation, le médecin vous ausculte longuement et, ensuite, il vous donne les médicaments dont vous avez besoin à un prix abordable, » ajoute Monsieur Rabemanantsoa.

Après avoir surmonté, au début, des difficultés importantes, le dr. Tafangy déclare qu’aujourd’hui le centre de santé marche bien, mais que la création du Centre de Santé pour Tous n’est qu’un premier objectif parmi d’autres. « Je suis fière de moi et de mon personnel pour ce qu’on a réalisé, mais quand je pense au travail qu’il va falloir accomplir, je sais qu’on a encore du chemin à faire, » dit-elle.

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