Mot de la Directrice de l’USAID/RDC Dr Diana Putman

Mardi, février 23, 2016
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Conférence de presse organisée par WWF

Bonjour à tous Mesdames et Messieurs de la presse et chers invités

J’aurais bien souhaité être ici devant vous pour assister à l’annonce d’une nouvelle beaucoup plus joyeuse mais tel n’est peut-être pas le cas. En effet, nous sommes réunis aujourd’hui en ce lieu pour tirer la sonnette d’alarme et dire: « L’éléphant d’Afrique est en danger d’extinction à cause du commerce illicite de l’ivoire ».

Nous avons tous appris que la Police Nationale Congolaise, PNC en sigle, a saisi près de 30 Kilos d’ivoire et a réussi à démanteler un réseau de trafiquants d’ivoire au début du mois de février ici à Kinshasa avec l'aide des organisations financées par l'Agence américaine pour le développement international, USAID en sigle. Ceci démontre que lorsqu’il y a de la volonté politique avec l’appui des bailleurs, il y a des résultats probants dans la lutte contre le commerce illégal des produits de la faune. Le Gouvernement Américain pour sa part, à travers l’USAID, salue le succès réalisé par les autorités Congolaises et réaffirme son engagement à accompagner la République Démocratique du Congo dans la protection de la biodiversité. Il y a eu succès, cependant nous reconnaissons que beaucoup reste encore à faire.

Je suis toujours très étonnée lorsque je vois de l’ivoire travaillé et même des défenses entières d’éléphants vendues librement au « Marché des Voleurs » ici même à Gombe. Encore plus étonnant, lorsque je cause avec certaines personnes, peu de gens à Kinshasa savent que ces produits proviennent de l'abattage des éléphants, et que cela est illégal.

Le coup de filet réalisé par les autorités de la RDC revêt une signification toute particulière. Il s’agit d’un signal fort lancé par la RDC qui traduit son engagement à lutter contre ce trafic et à y mettre fin. En effet, des mesures de répression ont été renforcées. Il y a quelques mois, nous avons également appris la saisie d’un lot important de 113 kilos d’ivoire à l’aéroport de Ndjili. Pour tous ces cas, nous osons croire que des sanctions exemplaires et conformes à la loi seront appliquées.

Selon les experts, la RDC disposait près de 400.000 éléphants dans les années 1980. Malheureusement, il en reste plus que 10.000 à 12.000 éléphants. Si rien n’est fait, d’ici 10 ans, sa population finira par disparaitre de notre planète.

L’ivoire fait partie d'un plus grand trafic illégal comprenant plusieurs autres activités criminelles dérivant de la faune et évaluées à environ 20 milliards de dollars par année. Les réseaux internationaux des crimes organisés et des milices armées africaines se font beaucoup d'argent notamment avec le commerce de l'ivoire. Ainsi le trafic illégal de la faune constitue une menace non seulement contre les ressources fauniques mais aussi contre la sécurité nationale, régionale et mondiale.

Pour sa part, le Gouvernement des Etats-Unis reconnait que les efforts liés à la conservation pour protéger la biodiversité et le fonctionnement de l’écosystème sont essentiels pour sécuriser la santé humaine, la prospérité économique et la stabilité régionale à travers le monde.  Notre gouvernement travaille avec plusieurs pays pour mieux détecter les produits de la faune dans les ports et les aéroports, arrêter les ventes illégales sur internet, enquêter sur les crimes de la faune, et traduire les criminels en justice. Nous soutenons également des campagnes pour informer le public sur les conséquences réelles de leurs achats. A travers les médias, nous montrons aux consommateurs de l'autre côté du monde la douleur et la misère endurées par les Africains lorsqu’ils achètent des statues magnifiques en ivoire.

L’USAID, à travers notre Programme Régional pour l'Environnement en Afrique Centrale (CARPE), géré par une équipe ici à Kinshasa en collaboration avec Fish and Wildlife Service des États-Unis, va allouer plus de fonds pour: (1) La surveillance de l'application stratégique des lois et de l'équipement des éco gardes dans les zones protégées du Bassin du Congo, et (2) l’appui aux parcs, aux procureurs et aux juges pour arrêter les criminels et s’assurer qu'ils sont sanctionnés.

CARPE a également appuyé les enquêtes dont les résultats ont démontré qu’il y a effectivement une crise de l’éléphant de forêt. Ces enquêtes ont conclu qu'il y a sept fois plus d'éléphants là où les éco-gardes sont présents que là où ils ne les sont pas. Ainsi, à travers CARPE, nous fournissons un grand appui aux opérations visant à faire appliquer les lois en Afrique centrale, la formation des gardes forestiers, la fourniture d'équipements et des rations de terrain et nous nous assurons le soutien logistique.

Je termine en rappelant que pour gagner ce combat contre le trafic illégal de l’ivoire, cela exige l’engagement de tout le monde y compris nos gouvernements, des bailleurs, la population et le monde des affaires. Le succès réalisé est un signe positif qui indique que nous sommes sur la bonne voie, néanmoins il y a encore du chemin avant que les éléphants puissent vivre en toute sécurité.

Je vous remercie de l’attention.

Kinshasa, DRC